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Zerà Action Burundi Blog

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Ce blog est offert par la société Zerà Action Burundi,s.a. Ce blog est ouvert à tout intellectuel burundais


L'intellectuelle d'un jeune âge pense

Publié par Martine Ngabirano sur 23 Septembre 2016, 23:11pm

Catégories : #Leadership

Edith Bouvier est une journaliste de guerre qui parle des failles de l'intérieur, au retour des reportages, avec une impossibilité d'exprimer ce qui se passe à l'intérieur, après avoir vu les horreurs de la guerre. L'auteure recommande fortement tous les lecteurs à écouter l'intégralité de la vidéo dont le contenu selon elle est fidèle à son texte. Bon visionnement.

Par Martine Ngabirano, Fondatrice de Zerà Action Burundi, s.a.

 

L’histoire est celle d’une intellectuelle d’un jeune âge,

Qui observe, lit, analyse et propose son ouvrage.

De là où elle vient, elle est tel un simple cliché d’un ombrage,

Auteure d’un péché ; celui de penser,..oui, penser.

Penser est pareil un crime pour une société où il est horrible de penser.

Il faut constater, se faire une idée, prendre position et marcher,

Oui marcher. Et ne Pas penser. Car au fait, qu’est-ce penser?

De quoi peut-on penser quand il y a des victimes dont la solennité

Dépend de l’autorité qui est arrangée par ce décès?

Pour sa société, le temps du malheur n’est pas le temps de penser.

Ce n’est pas le temps de patienter, d’analyser, de proposer et de garder,

Les beaux chefs-d’œuvre sociaux et publics, en proie au risque de disparaître,

Quand ses héritiers, au lieu d’en tirer fierté, y voient vulgaire babiole d’hommes à lettres,

Qu’on ne peut respecter durant un temps qu’on décrète et appelle temps délicat.

Le sentiment exige de ne plus penser aux ruines pour simplement recenser et décréter

Lesdits auteurs comme si la propriété intellectuelle et la valeur de créativité

Ne disaient rien à cette société angoissée

Sans le savoir, apprivoisée aux folies analogues d’étalement de ce que chacun pense véritablement.

 

 

Elle, l’intellectuelle, ne fait que penser.

Elle est d’office lâche, inutile ou partie prenante.

S’il est possible qu’elle eût mal et impuissante, perdue et larguée,

Devant le jeu de mots, le spectacle de stratégies et les consciences mécontentes,

L’intellectuelle a beau guère en être meurtrie, elle est écartée.

Quoi qu’il en soit, l’intellectuelle sait au moins qu’elle doit à la postérité cette pensée.

C’est une mission de mémoire et un devoir de conscience,

Conscience d’être foncièrement une même patrie, avec les mêmes défaillances.

Ce n’est pas le temps de compréhension ou de reconnaissance,

Qu’elle demandera, l’a-t-elle compris, dans cette mouvance,

Mais un temps de penser justement. Prenez par exemple, il y a ultime démence,

Dans cette société malade de vie et de liberté en outrance.

Or, l’enfant qui voit des scènes qu’il n’aurait pas dû voir oublie la romance,

Romance de la vie, pas n’importe quelle vie : la vie commune de grâce et de clémence.

Le vieillard n’en revient pas, que jeune il voyait le sang, sage il voit l’opprobre croyance.

La mère pleure. Elle a l’impression de se répéter ou de relayer à la voisine car voyez-vous,

Cette société guérit la guerre par la guerre : en faisant la guerre, on accepte de se soumettre tous à être traumatisé et à ne pas suffisamment dormir.

Puisqu’il est plus facile de croire que l’ancien militaire a tué par gaieté et intendance,

Comme si lui, dépourvu de cœur et de connaissance,

Feindrait un jour le regret de ses gestes tragiques, de ses suprêmes offenses,

Autrefois, infligés aux généreuses âmes, semblables inoffensifs trépassées sous sa dague déroutante.

Mais, l’intellectuelle voit, constate et comprend, jeune tête pensante,

Que le pauvre soldat est perdu, l’enfant fait des cauchemars, le vieillard devient muet et la maman est impuissante.

Tous, des analogies à un passé lourd pour soi uniquement, dont on préfère se dérober.

Et qui les rattrapent sans prévenir et cogner,

Aux cœurs, longtemps, disgraciés.

 

 

L’intellectuelle pense et voit un cycle revenir,

Pour l’actuel militaire, valet, acolyte que la société veut croire sanguinaire et sans mercis.

Car lui aussi il pense. En tous cas, son cerveau risque de démolir,

Ses barrières de protection longtemps érigés pour pouvoir dormir,

Plus d’une heure à la limite.

Le journaliste dépassé par les clichés retenus a envie de vomir,

Puis, en pensant à son métier, il se dit pourquoi ne pas me retenir,

Pour crier et alerter le monde. Noble initiative mais…et son cœur?

Comment parler de son témoignage sans prendre partie et sans se laisser ramollir

Pas mille et un sentiments des scènes qu’il a cru voir? Voilà d’où il tire ses exigences,

Il commence malgré lui, à vouloir que les choses changent.

Il perd son sang froid, en effet, froid depuis longtemps indigné inconsciemment de revivre l’horreur.

Amalgames, impatience, désespoir, figurez-vous dans la vérité et le droit d’agir,

Prennent place et condamnent l’ancien vétéran naguère en furie, facile à la gâchette, au devoir de protéger par le feu,

Alors que lui, voudrait « guca umugani » à quel point son mal il le regrette et le feu désole,

Pour que l’actuel cadet use de son expérience et pense avant d’agir.

 

 

 

Face à toutes ces pensées, l’intellectuelle choisit de dormir sur ses pensées

Et d’écrire par devoir et pour héritage à la postérité

Burundaise. 

Si elle pense? Oui, elle pense que sa société est porteuse d'un traumatisme

Et qu'à cause de cela, plusieurs n'en dorment plus depuis des âges sans pharisaïsme.

Du moins, publiquement peut-être, mais pour ceux qui sont au courant, il n'y a plus de relativisme. 

Alors, il ne reste qu'à prier pour son coeur, pour soi car, depuis des lumières,

On prié pour que les horreurs soient évitées, et on a vu et pris part à des chocs, des coups, des effrois.

On a prié pour que ça ne dure pas, et on a vu et pris part à des cycles, des répétitions, avec virulence. 

On a prié pour que ça cesse, et on a vu et pris part à des sabotages, des susceptibilités et des intolérences

Jadis inoppinés et peu sensiblement importants.

On a prié pour que la paix demeure, et on a vu et pris part à des alertes, des fuites, des camps de refugiés 

Le coeur ne trouve pas sa place ou ne le fait que pour une courte durée. 

Penser, parler à Dieu, voilà ce qu'il faut, et pleurer un bon coup. 

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