Non au suicide: Jeune, ne t’en vas pas comme ça! Ne te fais pas du mal!

Publié par Martine Ngabirano sur 12 Août 2016, 00:06am

Catégories : #Leadership

Par Martine Ngabirano, Sherbrooke

Jeune, ne t’en vas pas comme ça! Ne te fais pas du mal!

Être jeune et surtout être jeune burundais peut être très difficile à cause du milieu des ruines matérielles et morales, de l’asservissement, de l’injustice, du mensonge, du manque d’espoir de trouver de l’emploi, de l’humiliation, du vrai brisement d’orgueil après avoir TOUT essayer. Du coup, il y a un grand danger, un vrai esprit de suicide qui guette les jeunes burundais. À l’époque des Basokuru, des expressions semblaient juste inexistantes comme la déprime, l’angoisse, l’anxiété, la pression, la folie même suite aux événements de la vie. L’absence de providence ou de réponses, la brutalité de traitement, le musèlement, l’épuisement et la solitude sont rendus au-delà de ce que nous voulons voir le lot quotidien de beaucoup de jeunes Burundais.

Avoir trop mal…

Job…pour ceux qui sont chrétiens, vous le connaissez bien. Il a voulu mourir car il était révolté car il ne comprenait pas et il y avait zéro lumière. Jérémie a maudit le jour où il est né tellement il se sentait impuissant face à ce qu’il voyait. Élie était tout simplement pris au ridicule au point qu’il a voulu dormir et qu’il a appelé la mort. La douleur persistante, la torture intérieure peut sembler inadmissible effectivement quand on est convaincu qu’il est préférable de refuser de vivre que de vivre en survivant.

Beaucoup de jeunes burundais sont en train de vivre et d’être torturés par des envies de mourir face aux folies des générations qui les précèdent. Ils n’ont plus aucune référence et aucun espoir. Ils ont le goût de stopper leur destinée au nom de ceux qui étaient censé les aider mais qui ont baissé les bras.

JEUNE, ne t’en vas pas comme ça…ne te fais pas du mal! Pourquoi? Parce que partir comme ça n’est pas une manière digne de la vie que tu as mené. Ne crois pas qu’il n’y a pas de secours possible dans ta vie! Ne pense pas que la culpabilité de tes actes ne peut pas être effacé par ce qui est le plus important : l’humanité de tes pairs.

Être trop coupable…

Justement, les jeunes burundais peuvent des fois faire des choses absolument troublantes qu’ils commencent à croire qu’ils n’ont même plus droit à la compassion. Le grand courage de ta vie c’est de vivre. Le défi c’est de vivre et d’accepter d’être épié car tu ne peux rien changer sur le regard des autres mais plutôt le regard que tu portes sur toi-même.

Être outil de manipulation, être manipulateur, être outil de meurtre, d’humiliation, de barbarie, parce qu’effectivement c’est le choix que tu trouves qu’il s’impose à toi n’est pas évident à porter, quand tu es jeune.

Je crois que les JEUNES burundais devraient avoir le droit de s’expliquer sur leur choix afin de démystifier leur choix car le divorce, être témoin de la mort des siens, le malheur de vivre une vie de bassesse vont traumatiser. S’il y a des parents burundais qui me lisent et qui peuvent me comprendre, donnez l’exemple aux jeunes burundais qui vous entourent.

Mais que faire?

Vous savez, la détresse intérieure se passe justement intérieurement par le refus de se battre. La vérité est qu’il arrive un moment où il n’est pas question de se battre mais plutôt de se ressourcer. Quand tu as l’impression de grandir dans un monde où des standards ont été placés pour que tu les obéisses, comme l’autonomie à un certain âge, la réussite scolaire dans un domaine ou un autre, le silence face aux humiliations, la question qui s’impose est de savoir ce qu’il faut faire sinon que de mettre fin à la vie.

Voici mes petites propositions et j’exhorte beaucoup de personnes, beaucoup de jeunes à commenter et à partager les commentaires, car nous ne savons pas quel jeune ceci peut sauver la vie :

Si une aide ne vient pas vers toi, va chercher de l’aide : exige d’une personne en qui tu as confiance de l’assistance, de la providence et du soutien idéalement une personne qui a passé dans une situation que tu connais qui n’est pas un parent de préférence et qui peut t’écouter sans te juger. Mais ne fuis pas ta douleur!

Prie en reconnaissant que tu as horriblement mal et que tu veux une renaissance intérieure : c’est très important de savoir se ressourcer personnellement. En effet, la vie est pleine de choses et de situations qui peuvent nous submerger. Nous les chrétiens nous avons la référence de la Bible (je vous ai cité quelques uns de ceux qui ont arrivé au point de mettre fin à leur vie à un moment donné). Si vous n’avez plus la foi, ressourcez-vous en lisant sur la vie de ceux qui ont le mieux réussi pour savoir jusqu’où ils ont pu aller dans la bassesse.

Protégez-vous : si le quotidien du pays vous dépasse, faites en sorte de ne pas trop vous y attarder comme par exemple en n’écoutant pas les nouvelles ou les médias sociaux! Apprenez à mieux vous connaitre pour savoir comment mieux vous contrôler face aux événements qui vous rendent susceptibles!

Défiez-vous : ne vous enfermez pas dans une idée tout faite de la façon dont vous êtes. Défiez-vous d’être surprenant pour vous-mêmes en essayant de comprendre les raisons profondes de votre façon de voir la vie ainsi que la mission que vous pensez porter vis-à-vis des vôtres et du pays. Commencez par sauver des petits cercles : votre famille, vos amis, etc. et faites-le avec vos ressources dans un but de regain de paix intérieure tout en se rappelant que rien ne peut se résoudre sur le coup. Il faut patienter.

Allez vers les autres : si c’est possible, rentrez en société pour ouvrir le débat sur le suicide et les tentatives de suicide, afin de ne pas laisser votre regard vous faire croire que la solution c’est la mort. Vous n’en savez rien car vous savez très bien que partir et surtout partir comme ça ne va que détruire que tous ceux qui vous connaissez pas juste vous finalement. Alors, de grâce ne partez pas comme ça!

Du courage!