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Zerà Action Burundi Blog

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Ce blog est offert par la société Zerà Action Burundi,s.a. Ce blog est ouvert à tout intellectuel burundais


Proposition d'une courbe de l'intelligence sociale burundaise

Publié par Martine Ngabirano sur 30 Octobre 2015, 15:15pm

Catégories : #Leadership

Années 60: photos 1 et 2; Années 80: photos 3 à 5; Années 00: photo 6 à 13
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Par Martine Ngabirano, Master en macroéconomie, Sherbrooke

 

picture source: many sources

 

 

J’ai choisi aujourd’hui de parler d’un phénomène un peu mal connu mais qui fait qu’une société est ce qu’elle est. Je l’ai appelé « l’Intelligence sociale ». L’Intelligence sociale est pour moi, cette conscience profonde qui fait qu’une identité sociale ne se comprend plus comme une logique abstraite d’être mais plutôt se comprend par des actes logiques ou des choix cohérents et inhérents de là où collectivement et implicitement une société choisie d’aller. Pardonnez l’usage de ces mots compliqués, je vais vous simplifier la tâche avec des exemples concrets.

 

Au Burundi, il y a des phénomènes qui semblent y être théoriques... mais normaux et possibles ailleurs. Nous avons tendance à croire que face à notre misère, face à certains choix de nos compatriotes(ou de nous-mêmes), nous sommes voués à une quelconque particularité dans notre histoire tumultueuse. Permettez-moi de vous décevoir : il n’en est rien! Je pense l’avoir compris récemment en me demandant si, au-delà de notre histoire politique étrange(qui semble à priori nous définir tellement on s'y confond), nous avions une histoire sociale qui fait que nous sommes ce que nous sommes donc une simple résultante de notre intelligence. Par exemple, c’est difficile de croire qu’au Burundi, l’ascenseur social existe hors politique. C’est même absurde. C’est tellement encré en nous que la politique elle-même n’existe que pour l’ascension sociale. Cela est ce qui est cru par la majorité d’entre nous. Autre exemple est que bien souvent, il est cru que les Burundais ne sont là que pour jeter du tort sur leurs frères (vice-versa) et ne sont capables que d’aller s’en plaindre qu’aux étrangers. Il y a des « salopards » et des « anges » au Burundi et c’est ce que vous laissera croire la première impression sur les Burundais. Figurez-vous que ce n’est pas vrai! Je me suis rendue compte avec stupeur et admiration que les Burundais ont manifesté à des occasions précises un désir fixe, socialement parlant, pour défendre des idéologies précises à des périodes-clés de leur histoire.

 

Pour mieux comprendre ce que je dis, retournons ensemble dans l’histoire. Trois périodes-clés (que j'appelle "courbe d'intelligence sociale") démontrent clairement que c’est une question de volonté  et d’intelligence sociale pour arriver à un excellent résultat. Dans les années 1960, comme la plupart des peuples africains, les Burundais ont manifesté un désir clair : l’Indépendance. Ils voulaient faire les choses par eux-mêmes et ils voulaient garder le Roi. Ils en avaient ASSEZ d’être sous la domination coloniale et c’était un désir, une sorte de conviction collective qui s’impulsait du fond de leur âme. ILS VOULAIENT l'Indépendance. Ils ont montré ce qu’ils VOULAIENT, sans savoir qu'ils comprennaient ce qu'ils voulaient. C’était la première fois dans l’histoire « moderne » du Burundi qu’un peuple S’IMPULSAIT à avoir un mode de vie commun. Les Burundais de cette époque et des années suivantes ont dit non aux traditions dégradantes comme « l’Ubugererwa » et aux traditions mal comprises comme les clans au Burundi, parce qu’ils savaient que c’est ce qu’ils voulaient. Bref, ils s’identifiaient tellement à un peuple indépendant avec leur Roi que jusque dans les années 70, d’affrontements violents suivant les assassinats dans la cour royale (la mort du Roi Charles V, par exemple) ont profondément blessé les Burundais. C'est la période de l'IMPULSION DE CONSCIENCE dans la courbe de l'intelligence sociale. 

 

La période identitaire clé est celle des années 1980. Au Burundi, dans les années 80, une sorte d’impatience à être et à se réaliser en tant que peuple, une sorte de prise de conscience d’un état de modernité pour démontrer que oui le Burundi existe, au milieu de son continent et de ce monde, apparaît clairement. Dans les années 80, la Fonction Publique a pris le monopole mais en même temps, tout ce qu’on connait comme ancien secteur industriel, toutes les anciennes grandes industries burundaises viennent de cette époque. Le port, l’aéroport, la poissonnerie, les raffineries, les SOGESTAL, la SOSUMO, l'ISABU aggrandi, le COTEBU ne sont que des choix de cette époque. L’urgence d’une classe moyenne vivant à Bwiza, Nyakabiga, Kamenge, Rohero, Buyenzi,  faite d’une majorité de jeunes officiers militaires et d’enseignantes du primaire et du secondaire, fut clairement manifeste. Le besoin de faire des études supérieures par octroi de bourses à qui le mérite pour marquer la différence, se fit plus que sentir. Les écoles très connues, les formations techniques plus répandues etc. ne sont que résultantes de la PRISE DE CONSCIENCE de l’état d’être, du droit d’exister absolument pour demeurer invisible et hors un état de fatalité, ensemble et rapidement pour se développer. C’est sans parler de l’habillement de l’époque, des auteurs-compositeurs qui proliférèrent, du bris total vis-à-vis aux coutumes des anciens burundais pour incorporer le riz dans les plats quotidiens et, la naissance et de l’affirmation de la classe d'intellectuels burundais « abize ». Il fallait des vaccins pour lutter contre des maladies et de la production pharmaceutique locale. C'est que les Burundais du moment ont construit. C'est la période de la PRISE DE CONSCIENCE dans la courbe d'intelligence sociale. 

 

Les années 2000 furent une période de ce que j’appelle CHOIX DE CONSCIENCE SOCIALE au Burundi. En effet, on voit des Burundais qui s’habituent à dire « Non, ce n’est pas ce qu’on veut ». Ils savent ce qu’ils VEULENT et ce qu’ils ne veulent surtout pas. Signe qu'ils se cultivent. Ils se fatiguent de la guerre et paieraient tout pour ne pas en avoir. Jusqu’à dénoncer peut-être leurs voisins. Ils ne veulent plus qu’on leur impose un dirigent, ils veulent voter. Mieux encore, ils acceptent la conséquence du choix commun qu'ils veulent faire. Ils veulent comprendre leurs droits et pas juste obéir à des devoirs dictés. Ils ont choisi ce mode de vie : une vie de conscience. Ils ne veulent plus qu’on leur fasse croire qu’on sait mieux qu’eux ce qui est juste. Ils trouvent des outils pour aller crier eux-mêmes au secours. Les politiciens ont comme intérêt à les écouter. C’est qu’ils sont fatigués d’avoir faim et de travailler pour des rémunérations médiocres, alors que leurs voisins s’enrichissent et que personne ne l'explique. Ils se sentent imputables de tout choix qu'ils vont devoir faire. Ils se syndiquent. Ils font des pétitions, des communications pacifiques, des opérations de solidarité, des manifestations, des descentes aux sièges des ministères responsables de leurs cas. Ils paient des impôts à temps. Ils appellent à la radio pour poser des questions claires aux leaders politiques. Ils inventent et lancent des entreprises. Ils se révoltent contre les parents et refusent de vivre par procuration pour satisfaire la société. Ils divorcent même; ce qui est tabou dans une société aussi conservatrice. Ils veulent être des fleuristes, des financiers, des psychologues, des docteurs, des entrepreneurs, des défendeurs de droit,etc., très jeunes et très rapidement, ici et maintenant et, avoir une vie virtuelle sur Facebook et tout autre média social. Ils se donnent le droit de regarder des émissions mondialement connues, dans le temps qui est celuui d'aujourd'hui, car ils acceptent la globalisation du moment. Même la cinquantaine veut Whatsapp. C’est une progression massive que devrait comprendre toute personne qui veut proposer de quoi aux Burundais. Ils choisissent leur foi et n’obéissent plus à une religion. Ils veulent travailler en paix sans ingérence. Ils VEULENT. 

 

Pour ma part, la prochaine étape est l'AUTONOMIE DE CONSCIENCE sociale qui nous propulsera dans une marche quotidienne et habituelle dans le développement. La courbe d'intelligence se comprend de manière dynamique et véhicule une volonté à payer pour une même conscience sociale; ce qui fait d'elle un très bel outil d'analyse. Un point de cette courbe donc une période finie dans le temps se vit comme une prouesse générationnelle de son temps. Donc, le lissage d'arbitrage social pour des choix communs devient dissocier des motivations politico-socio-économiques de ce temps et semble venir de l'innée quasiment, et est étroitement lié avec l'urgence d'un mieux. C'est comme si au contraire, en analysant cette courbe, on croirait que les politiques sociales et locales sont indirectement dictées par ce désir commun. Ce n'est pas exclu que cette courbe peut former une boucle, pour qu'un peuple, dans d'autres circonstances repasse par ces périodes. 

 

En conclusion, ne croyons pas que la conscience ou l’intelligence sociale burundaise est morte. Elle existe. Il reste à comprendre ce qui a poussé à sa manifestation à ces périodes. On peut soupçonner l’apport générationnel, moderne ou éducationnel, c’est possible et si c’est démontrable ça serait bon à exploiter pour accélérer notre développement. Les questions de développement devraient se répondre en suivant cette courbe de conscience ou d'intelligence sociale. Pour aider les Burundais, il faut comprendre ce qu'ils désirent et comment ils se projettent eux-mêmes bref ce qu'ils sont prêts à payer pour ne pas perdre leurs droits déjà acquis et leur identité en tant que Burundais, au sein d'une même société. Par ailleurs, comprendre qu'il fut important de passer par cette courbe, étape après étape, me semble primordial parce que c'est voir la société burundaise sous l'un des angles le plus vrai et le plus important: sa volonté qui matérialise sa conscience, son regard sur soi. De la sorte, on éviterait de revenir sur une étape passée (du mieux qu'on peut). De même, on anticiperait un progrès national consistent plus aisément. 

COURBE D'INTELLIGENCE SOCIALE EN 4 ÉTAPES:

Impulsion de conscience sociale -> Prise de conscience sociale -> Choix de conscience sociale -> Autonomie de conscience sociale

Auteure

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